Manifestation en 2 temps. Le premier avec toute l'école autour du parc de Belleville, le second avec la classe et les quelques accompagnateurs sur le chemin des Beaux-Arts de Paris, lieu de restitution collective des 13 artistes du programme AIMS.
© ci-dessus : images de Matthieu Faluomi
Nous avons eu un article dans Liberation, version papier et web : https://www.liberation.fr/france/2019/06/07/mobilisation-des-eleves-a-l-ecole-julien-lacroix-a-paris-pollution-demission_1732404
Cet article a suscité des réactions critiques très négatives dans une presse d'extrême-droite inquiète pour l'éducation des enfants.
© ci-dessus : images de Marc Chaumeil pour Libération
Ci dessus, le programme distribué aux autres enfants de l'école pour les informer du déroulé de la performance. Ci-dessous, quand le travail d'affichage est remarqué dans le quartier !
Salim Jah Peter est co-fondateur d'une association, Racines Profondes, chanteur et militant écologiste. Il nous propose de nous apprendre une de ses chansons pour la manifestation et de participer en retour à une action de ramassage de déchets dans le quartier. Les enfants acceptent sa proposition.
Les professeurs sont déjà informés. Nous passons dans les classes pour expliquer notre démarche aux autres élèves et leur proposer de nous rejoindre le 7 juin.
Contacter les médias pour faire entendre les messages plus loin que l'école. Lya écrit un premier jet, je le corrige, lui soumet, elle valide, puis c'est un groupe de 4 enfants qui retravaille dessus en ayant les deux versions sous les yeux qui font les dernières retouches. C'est prêt. J'envoie le communiqué de presse à diverses rédactions. Le groupe des relations presse se prépare entre eux à répondre aux questions des journalistes.
Un groupe se met à fabriquer des instruments avec ce qu'ils trouvent dans l'atelier. Ensemble nous faisons des tests pour que leurs objets produisent le plus de bruit possible. Plus tard, ce sera Manon, l'ensignante de musique de l'école, qui nous apprendra des rythmes de batucada pour lancer les slogans.
Les enfants ont choisi de porter un signe commun lors de la performance. Il s'agit d'un badge représentant un bateau. Ils ont été fabriqué d'après leurs dessins avec la découpe jet d'eau de l'EnsAD.
Comment dessiner les lettres de notre message collectif ? Nous commençons par un concours de style typographique, nous en choisissons un puis chacun dessine des lettres dans ce style. Un "E" à 5 branches sort, "Il est bizarre ce 'E'" me disent certains enfants. Je leur réponds que s'ils ont reconnu que c'était un "E", c'est qu'il est lisible, donc qu'on peut l'accepter.
Je les décalque en homogénéisant les hauteurs et les peintres en lettre s'y mettent. Ils sont quatre, ils sont concentrés, ils m'impressionnent par le soin qu'il sont capables d'apporter à cette tache qui demande de la patience et de la persévérance.
Dans un premier temps dessiner la voile. Chercher par les images ce qu'on peut envoyer comme message. Faire des croquis, les traduire en masses de papier découpé, puis passer au tissu
Montage du char. Je dessine les plans du char à partir des croquis des enfants. Il faut interpréter vers une simplicité de l'assemblage. À la place de l'urne évoquées, nous choisissons d'attribuer aux deux faces du char la fonction de receptacle de la parole des autres enfants de l'école.
Les enfants sont assez autonomes pour savoir servir des outils, ils aiment bricoler. Je mets en place des codes visuels pour qu'ils puissent trouver eux-même comment assembler.
Maintenant nous fonctionnons en ateliers autonomes, par petits groupes d'affinité, les enfants choisissent sur quel aspect de la manifestation ils ont envie de travailler à chaque séance.
Mission prise de vue des pancartes dans la cour de récréation.
Dimanche soir avant la rentrée, avec une petite équipe de copains, nous allons coller les affiches dans le quartier de l'école pour faire la surprises aux enfants de voir leurs affiches exposées dans la rue. Cette "campagne d'affichage" a pour but de sensibiliser sur la parole des enfants mais aussi d'annoncer la date de notre manifestation aux habitants du quartier.
Je leur demande de s'interviewer entre eux sur ce que cet affichage provoque chez eux et comment ils abordent la manifestation à arriver.
Aller, on fait comme les grands.
"Nora, il y aura des CRS à notre manifestation ?"
Collage dans la cour de l'école. Les réactions auteurs des affiches observent les autres enfants de l'école qui découvrent leurs affiches.
Toute l'école expose ce qui a été produit pendant la semaine des arts. Nous concevons donc des socles en béton et en carton pour montrer les pancartes. Les éléments de scénographie serviront aussi pour la restitution aux Beaux-arts de Paris.
Un grand merci aux copains et aux techniciens des arts déco d'avoir rendu cette session d'impression possible.
Dernière ligne droite avant la sérigraphie.
"aaaaah tu m'as mis un coeur"
J'ai imprimé une affiche avec tout ce qu'ils ont décidé de fabriquer pour la manifestation. Nous allons avancer comme nous pourrons avec le temps que nous aurons. C'est une manière de les responsabiliser et qu'ils s'approprient un peu plus le projet.
Nous voilà à préparer des pochoirs pour aller fabriquer des affiches en sérigraphie dans l'atelier que nous met à disposition le temps d'une journée l'école des arts décoratifs. La technique au pochoir permet de ne pas à insoler les cadres. Pour réunir les images et les messages qu'ils ont pensé pour ces affiches, nous utilisons l'imaginaire conducteur : le bateau. Une flotte entière se prépare.
Je leur ai préparé une pochette à chacun avec leur image originale et leur image placée dans un gabarit, lorsque les compositions ne convienent pas, nous faisons des modifications depuis indesign, je leur montre mes logiciels de graphisme : on repositionne, on agrandit, on coupe jusqu'à ce que nous trouvions ça bien. On saute du papier à l'ordinateur pour avoir un aperçu rapide des modifications. J'entends "ah oui photoshop je connais".
La phase de découpage est difficile pour eux. Ils apprennent néanmoins à manier le cutter.
C’est la rentrée, des groupes d’élèves de toute l’école passent par 15 dans l’atelier. Avec Pénélope, l’institutrice, nous avons organisé un atelier pancarte en papier découpé dans le but de proposer au reste de l’école de s’impliquer et de participer à la manifestation.
Nous travaillons donc sur la typographie en lettre découpées et la composition dans un format prédéfini.
Un grand merci à Pénélope Gaillard-Siboni et David Siboni pour leur collaboration dans l'élaboration et la mise en place de cet atelier.
Pendant le temps du lundi midi nous fabriquons un meuble pour archiver les réflexions et les recherches de chacun. C’est un temps informel qui nous permet de plus nous amuser.
À partir des rôles à jouer dans la manifestation, nous avons pu lister tous les supports et objets associés que les enfants ont voulu fabriquer. Il y a donc :
- Un char en forme de bateau dont la voile sera notre bannière collective et qui serait aussi une urne pour proposer aux passants d’adhérer au message des enfants.
- Des pancartes de 4 formes différentes fabriquées par les autres enfants de l’école.
- Des pin’s pour tous les participants.
- Des instruments pour faire du bruit.
Les enfants ont décidé de fixer la manifestation un jeudi, autour du parc de Belleville qui est juste à côté de leur école (repérages à venir). Nous travaillons donc maintenant sur les objets et les supports des messages. Il y a la grande bannière commune qui a une forme de voile et nous nous demandons quels seront les autres supports et quels messages ils supporteront.
Pour cela, je leur demande de réfléchir en groupe de 5, de noter des intentions claires accompagnées de schémas explicatifs et pour finir je leur propose de présenter un extrait d’une minute de leur manifestation avec des maquettes en blanc pour les supports qu’ils imaginent utiliser. Pour cela, je leur propose de réfléchir au rôle de chacun dans la manifestation. Le côté bricolage improvisé les amuse bien et de bonnes idées sortent de cette séance.
En prélude de la séance, je leur montre des images de manifestation avec différents supports, je leur montre aussi mon mémoire et le livre Disobedient Objects.
Merci au photographe Mathieu Faluomi d'avoir capturé les images de cette séance.
Comment les enfants imaginent-ils leur manifestation ? Travail en petit groupe autour de plusieurs questions : où faire la manifestation ? À quel moment ? Par qui souhaitons-nous être entendus ? Quels médias contacter ? Qui invitons-nous à participer à la manifestation avec nous? Comment pourront-ils y prendre part ? Dessiner ou décrire des supports autres que la bannière collective pour porter les messages. Ils sont imprégnés d'actualité. Ils veulent organiser la manifestation sur les Champs-Élysées, inviter BFM TV et me demandent s’il y aura des CRS le jour de la performance.
Nous abordons les formes de contestation par les mots et le dessin. Ils doivent décrire et dessiner la manière dont ils imaginent cette manifestation. Une affiche à compléter vient synthétiser leur reflexion de groupe. Voici les questions qui leurs sont posées :
1. Dessinez le titre « Tous dans le même bateau »
2. Où faire la manifestation ?
3. À quel moment de la semaine ?
4. Par qui souhaitons-nous être entendus ? Quels médias contacter ?
5. Qui invitons-nous à participer à la manifestation avec nous ? Comment pourront-ils y prendre part ?
6. Suggestions libres :
7. Dessiner ou décrire des idées de supports autres que la bannière pour porter des messages :
8. À partir de toutes les réponses précédentes, dessiner comment la manifestation pourrait prendre forme. Bien penser les dispositions des différents éléments et personnes les uns par rapport aux autres. Faîtes une légende si besoin.
J'ai voulu prendre le temps de discuter avec eux en tête-à-tête pour les accompagner un peu plus loin dans leur vision du sujet, les pousser à porter un regard sur leur propre opinion. Ces entretiens servent aussi à les aider à rédiger un "slogan", une phrase qui résume en 5 mots leur revendication. L'exercice de synthèse est compliqué pour eux, ils hésitent, ils ont du mal à trouver les mots justes, les mots qui claquent. Ils restent très timides et vagues dans leurs formulations. Ils pourront les retravailler jusqu'à l'impression des affiches au mois d'avril.
Extraits :
À propos de la couleur de peau :
À propos du manque de temps :
À propos de la montée du niveau des océans :
Nous travaillons à ce que chacun puisse formuler un message personnel dans le thème général. Pour cela nous avons fait la liste des différences par lesquels des êtres humains peuvent être stigmatisés et chaque enfant a choisi de réfléchir sur celle qui le touche le plus. Les débats continuent, sur le fond mais aussi en créant des formes. Les petits commencent à être de plus en plus à l'aise avec leur reflexion personnelle.
Nous commençons à travailler à l'élaboration de la charte graphique de notre performance et des éléments de communication qui l'accompagneront. Nous commençons par sélectionner une gamme de couleur. Même si je leur demande d’avancer des arguments sur le choix des couleurs, leur symbolique, ils ont tendance à choisir leur «couleur préférée».
Au final, après une décision collective nous nous arrêtons sur 5 couleurs. Avec ces couleurs, ils imprimeront des affiches en sérigraphie qui exprimeront leurs revendications émises lors des débats et des moments de réflexion.
Je demande au deuxième groupe de dessiner des lettres après avoir pioché un adjectif. Affichage de quelques productions : bavard, chuchoté, hésitant et triste.
Les enfants avaient besoin d'un petit cours de typographie pour être plus efficaces lorsqu'ils dessinent des phrases, des titres, des slogans.
J'ai commencé par leur demander de traver les lettres "n" "o" et "a", puis nous avons regardé ensembles comment ils avaient spontanément décidé de les traiter. Ils s'y connaissent en typographie, ça a été très facile de leur faire comprendre les différentes manières de dessiner un ensembles de caractères et de jouer sur leurs personnalités.Ils appellent une empattement une bouclette, un fût l'epaisseur du trait.
Le temps nous a manqué pour faire un choix de manière unanime. Les enfants sont restés attachés au sujet qu'ils avaient travaillé en demi-groupe. Après l'échange d'arguments un seul enfant a décidé de changer choisir le sujet exposé par l'autre groupe. Il est "passé dans l'autre camp".
Le vote à la majorité s'est imposé tout seul. en l'espace de quelques jours, les enfants ont eu le temps de digérer les arguments de l'autre groupe et ont majoritairement choisi de travailler sur le sujet "TOUS DANS LE MÊME BATEAU
Sur les enveloppes de scrutin, un rappel :
"Portons notre parole, une parole singulière, sincère hors des murs de l’école, jusqu’aux oreilles de ceux qui doivent la recevoir, de tous ceux qui peuvent agir. Nous devons construire une parole autour d’un de ces deux thèmes :
Sauvons ce qui reste ou
Tous dans le même bateau.
Pour quel thème nous sentons-nous les plus indignés, les plus révoltés, les plus forts pour nous exprimer?"
Lecture et accrochage d'une partir du manifeste de Thomas Hirschorn pour le musée précaire Albinet.
Derniers préparatifs avant la confrontation de vendredi prochain. "SAUVONS CE QUI RESTE" ou " TOUS DANS LE MÊME BATEAU".
Le second demi-groupe a lui choisi d'approfondir la piste de l'écologie et a formulé le titre "SAUVONS CE QUI RESTE". Spontanément, ils sont allés vers les couleurs utilisés pour parler de na nature : le vert et le bleu.
Le premier demi-groupe a choisi d'approfondir le sujet du respect des êtres humains pour le présenter à l'autre demi-groupe. Les enfants travaillent à convaincre l'autre groupe de l'intérêt du sujet qu'ils ont choisi en fabriquant des objets de communication. Nous travaillons au choix majoritaire pour le moment. Toutes les suggestions sont entendues et notées puis chacun désigne le choix qu'il pense être le plus judicieux, nous rediscutons puis nous choisissons. Les enfants formulent, dessinent, tranchent.
Dernièrement, nous avons travaillé à partir des premières réponses que les enfants ont formulé en répondant à "qu'est-ce qui vous révolte ?". Nous avons exploré le sens du verbe « se révolter » par les mots, en essayant de le définir mais aussi par l’image en tentant de composer des images symbolisant ce sentiment intime. Un groupe a produit les images, l’autre a tenté de les interpréter.
Nous avons fait des classifications parmi les sujets de révolte pour faire émerger des grands thèmes suite à l’intervention de l’école de la philanthropie.
Le retour des vacances sonne le début du travail de l'extraction de leurs premières idées sur les changements qu'ils voudraient opérer dans le monde.
La première séance aura servi à prendre possession de l'espace ensembles, à comprendre le fonctionnement de l'atelier et les règles de sécurité. Nous réalisons des panneaux de signalétique et de fiches sur les outils.
Quand je selectionne une image de mon travail pour me présenter à la classe.
Première prise de contact avec les enfants, un questionnaire leur est distribué. Ci-dessus, leurs réponses aux questions "Pour toi, qu'est-ce qu'un adulte ?" et "Quel nom donnerais-tu à ta classe ?".